Après la manie ChatGPT, le métavers de Meta est toujours aussi vide et triste

Un professeur britannique a plongé dans le métavers de Meta pendant plusieurs mois. Il décrit un univers vide dans lequel on s’ennuie. Les choses ne devraient pas s’améliorer de si tôt après la vague ChatGPT.

Y at-il encore quelqu’un dans le métavers, s’interroge New York Mag, mercredi 15 mars. Depuis la ChatGPT mania, cet univers, qui n’intéressait déjà pas grand monde, serait toujours, et peut-être encore plus, désert et ennuyant. Car s’il n’est pas parvenu à séduire le grand public, il avait, jusqu’à présent, Mark Zuckerberg comme défenseur et investisseur de premier plan. Le PDG de Meta continuait coûte que coûte à engloutir des milliards pour construire l’internet de demain, malgré des actionnaires de plus en plus frileux. Mais ensuite est arrivé… ChatGPT, et avec lui, toute la technologie s’est mise à annoncer que l’IA serait intégrée aux produits ou services de leurs entreprises. Toute ? Oui, tout. Meta n’y a pas échappé.

Si les mots « métavers » ou « Mondes d’Horizon » (le monde virtuel du groupe) n’ont pas encore été remplacés par « IA génératif » dans toutes ses communications, le PDG du groupe a reconnu, dans une lettre adressée à ses salariés mardi 14 mars, que : « Notre investissement le plus important consiste (désormais) à faire progresser l’IA et à l’intégrer à chacun de nos produits ». Même s’il a été ajouté, plus bas : « Notre travail de pointe pour construire le métavers (…) reste également essentiel ». Car du travail, il y en a, à en croire le récit drôle et apocalyptique de ce professeur britannique, publié dans les colonnes du média américain. Paul Murray, expatrié pour un semestre sur la côte est aux États-Unis, a plongé dans le monde virtuel de Meta pendant plusieurs mois pour occuper ses longues soirées en solitaire… pour le meilleur et pour le pire.

« Un centre commercial abandonné »

« vous entrez dans Horizon Worlds pour la première fois », écrit-il, après un bref avertissement concernant les crises d’épilepsie, vous entendez une voix féminine vous assurer que si quelqu’un vous contrarie, vous pouvez le dénoncer. La voix ajoute en chuchotant : ” Ne vous inquiétez pas, nous ne leur dirons pas que c’est vous ! ». Ensuite rapporte-il, il faut s’habituer à l’absence de jambes des avatars, et à cette impression d’un monde désert, un peu « comme un centre commercial abandonné ». En théorie, vous pouvez naviguer dans toute une série de « mondes » – un terme trompeur car ces derniers sont « petits à très, très petits ». Et souvent, il n’y a personne, constate-t-il.

Pour son premier voyage, le professeur choisit le monde Party House. Une fois entrée, ce qui frappe, c’est le style architectural, étonnamment simple – un peu à l’image des Duplos, explique-t-il. Un style qu’il retrouvera dans tout Horizon Worlds. Il contourne une piscine et un DJ jouant de la loger et croise ” Sandwich aux noix », son nom flotte au-dessus de sa tête. Son ennui et l’absence d’ambiance sont un temps brisés par « Impala-expert », un utilisateur à qui il demande quelles activités il pourrait faire. Qui lui répond très correctement : « Du ping-pong et du porno virtuel ».

Le métavers, une « cyber-crèche »

Outre la présence de nombreux enfants qui utilisent l’avatar de leurs parents, un épisode où plusieurs utilisateurs vraisemblablement racistes s’en prennent à un hispanique, avant de se jeter sur son avatar, l’enseignant raconte surtout l’ennui. Un ennui épais et persistant. On y croise des avatars qui « finissent tous par se ressemblent : des caricatures d’eux-mêmes sans joie », avec « la même taille, le même visage symétrique ». « Presque personne n’est gros ou vieux, l’âge n’étant généralement signifié que par des cheveux blancs », écrit-il. Seul élément humain que vous rencontrerez : la voix.

Côté interaction, le mieux à espérer est un « échange sans but, mais bien intentionné que l’on peut avoir lors d’une pause cigarette à l’extérieur de la cantine du travail. On parle souvent de l’origine des gens, du genre « J’habitais là, mais maintenant j’habite ici » ». Hormis quelques réflexions sur le bitcoin ou le dernier épisode de Le dernier d’entre nousla pauvreté des interactions donne l’impression « d’être une sorte de cybernurserie – un endroit où l’on dépose les enfants et où on les laisse se balader en faisant des bêtises, sachant qu’ils sont en sécurité », explique le professeur. « Nous venons du monde entier, nous sommes tous réunis au même endroit et regardons-nous, nous nous ennuyons, nous ne savons pas quoi faire », déplore un des utilisateurs croisés par l’enseignant.

Parmi les profils croisés au fil des mois, une « Amérique grande et solitaire », dont des histoires « sur le fait de ne pas s’envoyer en l’air, de ne pas parler à la fille, de ne pas avoir quelqu’un à ses côtés quand on enlève le casque de réalité virtuelle ». Seul point positif : le temps passé dans Horizon Worlds est le seul moment où il ne regarde pas son smartphone toutes les cinq secondes.

Source :

New York Mag

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CEO GoConect
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