SpaceX a annoncé avoir mis en place des mécanismes de blocage du pilotage des drones par l’armée ukrainienne. Arguant que le service n’a jamais été « conçu comme une arme », Space X change une fois de plus sa position dans le conflit russo-ukrainien.
Un coup, je t’aide, un coup, je te bloque : la position de SpaceX sur le conflit russo-ukrainien revêt souvent les apparences d’une girouette. Selon l’agence de presse Reuter, l’entreprise de connexion à internet par constellation satellitaire a mis en place des mécanismes de blocage de son service à usage militaire. Plus précisément, l’entreprise d’Elon Musk – dont les positions sur le conflit ont souvent varié de manière brutale – a été annoncée hier lors d’une conférence de presse avoir mis en place des systèmes de blocage de l’usage des drones. Arguant que la connexion « n’a jamais été conçu pour être utilisé comme une arme » et que « les Ukrainiens ont été utilisés (la connexion, NDLR) de manières (…) qui ne remplace pas la partie de notre accord », la directrice opérationnelle de SpaceX, Gwynne Shotwell, a expliqué que l’entreprise a mis en place des mécanismes « pour limiter leur capacité (de détourner la connexion). Il y a des choses que nous pouvions faire, et nous l’avons fait ».
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SpaceX, qui a pourtant mis des terminaux à disposition du gouvernement et de l’armée ukrainienne – dont une grande partie payée par des pays partenaires comme la Pologne – semble n’avoir aucun problème avec certains usages, Mme Shotwell explique que « nous savons que l’armée les use (pas de satellites, NDLR) pour leurs communications et c’est ok ». Avant d’ajouter « Mais notre intention n’a jamais été de les voir (les satellites, toujours, NDLR) utilisé pour des motifs offensifs ».
Flux de drones russes montrant une attaque contre une unité d’artillerie ukrainienne autour de Tchernihiv. pic.twitter.com/6eU6ShaFFA
— Aldin 🇧🇦 (@aldin_aba) 23 mars 2022
Et offensifs, les drones ukrainiens le sont très certainement : face à la masse russe, les défenseurs ukrainiens ont été obligés de s’adapter. Les drones étant, avec la connexion Internet haut débit mobile de Starlink, une des pierres angulaires de leur « nouvelle guerre ». En utilisant massivement les drones, les Ukrainiens harcèlent les troupes, prennent à partie les différents véhicules blindés en faisant tomber des petites bombes sur les trappes ouvertes. Mais aussi et surtout, les Ukrainiens ont révolutionné les mécaniques de frappe d’artillerie, profitant des « yeux » des drones pour ajuster très rapidement les tirs. Et augmenter ainsi la précision de leurs frappes. Une stratégie qui a d’ailleurs conduit l’armée ukrainienne à constituer la première unité d’attaque par drone du monde en janvier dernier.
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Ce sont ces usages offensifs, très documentés et souvent publiés sous des formes de vidéos (parfois un peu dures et/ou macabres) sur les réseaux sociaux, que SpaceX considère sans doute comme une « mauvaise pub ». Que ce soit pour des raisons d’image ou pour la recherche d’une éventuelle neutralité. L’inconvénient de la démarche est qu’elle remet en lumière le rôle que peut avoir Starlink sur les capacités défensives de l’Ukraine. Et le mariage volontaire de SpaceX sur cette connexion peut être perçu comme un énième changement de position sur le dossier ukrainien après les atermoiements financiers et les coupures de connexion que l’entreprise a déjà effectuées sur le pays ces derniers mois.
Source :
Reuter